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En 1957, Norman et Mary Rockwell s'étaient installés à Stockbridge où ils avaient acheté une maison. Le vieux hangar attenant fut transformé en atelier, et Rockwell vivra là ses années les plus heureuses et les plus productives jusqu'en 1978.
Il trouve une nouvelle inspiration avec l'actualité, ce qui lui permet d'aborder des sujets de société bien plus graves que la peinture nostalgique et sentimentale à laquelle il nous avait accoutumés.

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#308  1960 02 13 Triple Self Portrait (113,5 x 87,5cm)

En fait, c’est bien plus qu’un triple portrait que Rockwell nous a fait là, puisqu’il apparait au moins sept fois dans ce tableau. La scène montre Rockwell à son chevalet, en train de faire un croquis de son portrait pour une publication.  D'autres croquis attendent le choix final.
Quand on regarde dans le miroir, on remarque que ses lunettes sont embuées. Rockwell avoua que c’était une ruse pour faire croire qu’à cause de la buée, il ne se voyait pas réellement comme il était, mais plutôt comme il aimerait encore être…
Rockwell était féru de grands peintres et il était capable de copier parfaitement leurs œuvres. D’ailleurs il a copié sur le bord de son tableau les auto-portraits de Rembrandt, Dürer, Van Gogh et Picasso
En 1923, alors qu’il était en voyage à Paris, Il entra chez un antiquaire car il avait vu un casque antique en devanture. Il était persuadé que c’était un casque Grec ou Romain de l’Antiquité. Tellement sûr de lui, il ne discuta même pas le prix, et parti avec son trophée.
Mais en rentrant à son hôtel, il fut arrêté par un incendie que combattaient les hommes du feu.et tous portaient le même casque que le peintre venait d’acheter. Quand il ramena le casque dans son studio, il le posa en haut de son chevalet comme la preuve que n’importe qui, Rockwell ou pas, peut se faire avoir.
Un autre célèbre Triple Portrait a été réalisé en 1646 par Johannes Gumpp. Une inspiration pour Norman ?
La fumée qui monte de la poubelle n’est pas sans rappeler la cause de l’incendie qui ravagea son studio en 1943. Rockwell n’était pas toujours très prudent avec sa pipe…
Un des fils de Rockwell, Tom, entreprit avec son père d’écrire une autobiographie (" My adventures as an Illustrator ") dont les premiers feuillets paraitraient dans 8 n° consécutifs du Post, et le Triple Portrait était la couverture idéale pour lancer la série d’articles. C’est ce que Tom nous explique dans cette vidéo, juste après quelques mots de la secrétaire de Norman.
Et Peter Rockwell, un autre de ses fils, nous explique ce tableau.
Et puis, ce triple auto portrait a inspiré beaucoup d’artistes qui en ont fait des parodies. Retrouvez les là, encore là et ici aussi !
Le musée deStockbridge propose une reconstitution grandeur nature du peintre à l'ouvrage pour ce tableau.
D’autre part, j’ai trouvé sur le net deux études très intéressantes réalisées dans deux collèges: le Collège Henri Delivetà Carrouges, dans l’Orne, et le collège Robert Goupil à Beaugency dans le Loiret. Ils sont au format PDF.

Je me suis aidé de ces livres pour rédiger cet article : " NORMAN ROCKWELL  AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 1,2 et 3 "par D. &  M. STOLTZ (© The Four S 1976 )
"THE NORMAN ROCKWELL ALBUMpar NORMAN ROCKWELL (© Double Day & Company 1961)

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#309 1960 04 16 Stained Glass (117 x 109cm)

Lors d’un voyage à Londres dans les années 20’s, alors qu’il visitait l’abbaye de Westminster, le regard de Rockwell se porta sur un gigantesque vitrail et il vit qu’un ouvrier juché sur un échafaudage était en train des réparer quelques morceaux de verre.
Quand il se décida à raconter ce souvenir au Post, il essaya différentes techniques, mais quelque soit la méthode, le résultat ne lui convenait pas. Malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à bien représenter toute la lumière qui traverse un vitrail. Au bout de nombreux essais il finit par penser que c’était l’absence de verre au niveau de l’artisan qui atténuait la luminosité de l’oeuvre à cause du blanc éblouissant que cela provoquait. Cela rendait le reste du vitrail terne.
Finalement, il contacta Rowan et Irène LeCompte, un couple d’artisans qui refaisait les vitraux du Moyen äge à l’identique.
Ils séjournèrent dans le studio de Norman avec les plans d’un des quarante-cinq vitraux qu’ils avaient créés pour la National City Christian Church of Washington.
Sur la couverture du Post, on voit Rowan LeCompte en train de remplacer un morceau de verre manquant sur la scène de la Résurrection, scène inspirée par celle que lui et sa femme avaient conçu pour la Cathédrale.
Rockwell étudia beaucoup de vitraux d’église, intérieur et extérieur, avant d’obtenir juste la qualité lumineuse qu’il espérait. Sa version originale montrait le Christ porté au Paradis par les deux anges, mais Rockwell préféra remplacer le Christ par une croix.
Et Rockwell conclut qu’il est sans doute possible de rendre tout son éclat à un vitrail, mais pour cela, il ne faut pas qu’il manque de morceaux de verre coloré. Il respecta le style de vitraux des LeCompte.
Ce  Saturday Evening Post était l’édition de Pâques du Post parue le 16 avril 1960, veille du Jour de Pâques
Deux mosaïques créées dans la cathédrale de Washington rendent hommage à Irene et Rowan

Je me suis aidé de ces livres pour rédiger cet article : " NORMAN ROCKWELL  AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 1,2 et 3 "par D. &  M. STOLTZ (© The Four S 1976 )

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#310 1960 08 27 University Club (71 x 66cm)

Celui qui dit que New York est une ville inamicale ne comprend pas cette ville dans le sens où Norman Rockwell le ressent. C’est pourquoi il trouvait cela possible de se faire des connaissances au coin de la 5eme et de la 54^ème.
Ce vénérable et sombre immeuble est le siège de l’Université Club de New York. « Dans la Camaraderie se tient l’Amitié » est la devise du club, et la camaraderie à l’intérieur semble bien intéressée par l’amitié à l’extérieur…
Parmi les badauds qui déambulent dehors, on reconnait Norman Rockwell lui-même, accompagné par sa belle-fille, Gail Rockwell.
Elle est l’épouse de son fils Thomas, et si on l’a déjà vue récemment dans « Easter Morning » (Voir ROCKWELL 1958-1959) on la reverra en 1961 dans une nouvelle qui s’intitule «  Another Man’s Wife ».
La jeune fille qui parle au marin est Gen Melia, une starlette. Quant au marin, héros de l’Arsenal de Brooklyn, il est sergent de la Marine et il voudrait bien monter en grade aux yeux de la jeune fille…
Rockwell avait pris différents photos des deux protagonistes, et il prenait souvent une partie d’une des photos qu’il ajoutait à une partie d’une autre photo pour faire un montage. Donc, à partir de ces quelques photos, j’ai essayé de reconstituer au mieux le tableau final. J’ai donc pris la photo 4 et la photo 9 (J’aurais pu aussi rajouter la photo n° 5 pour l’orientation de la chaussure du marin !) et j’arrive à une photo pas trop éloignée du tableau final.
J’avais déjà utilisé cette méthode pour reconstituer les couvertures à partir des photos préliminaires.
Voir :  «Week-end Travellers» (ROCKWELL 1948), « Cheerleaders » (ROCKWELL 1952-1953) et enfin le magazine ‘’Scouting’’ de 1963 02  pour la couverture ‘’Painting the Cover’’ (AUTRES MAGAZINES 04).

Je me suis aidé de ces livres pour rédiger cet article : " NORMAN ROCKWELL  AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 1,2 et 3 "par D. &  M. STOLTZ (© The Four S 1976 )
"THE NORMAN ROCKWELL ALBUMpar NORMAN ROCKWELL (© Double Day & Company 1961)

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#311 1960 09 17 Window Washer 114,5 x 106,5cm)

Il y a 60 ans, Jim Stafford, un étudiant qui voulait devenir artiste écrivit une lettre à Norman Rockwell lui demandant si il pouvait lui rendre visite .
La réponse fut « Venez quand vous voulez ! » Stafford était tout excité à l’idée de rencontrer son idole.
Quand il arriva chez le peintre, Rockwell le regarda et dit « Vous ferez l’affaire » L’affaire de quoi », répondit le jeune Jim. « Une couverture du Post sur laquelle je travaille » répondit Norman. « Wow » gloussa Stafford !
Et cette rencontre devint la couverture du Post du 1960 09 17, le « Window Washer » (Le laveur de carreaux au clin d’œil).
Rockwell était célébre pour affubler ses modèles de grimaces ou de clins d’œil. « Faites un vrai clind’œil, tordez votre visage » avait conseillé le peintre.
Et Stafford raconte l’anecdote suivante : Rockwell a essayé de le brancher avec la secrétaire qui avait déjà fait sa séance de pose.. Il m’a dit, « prenez ma voiture, allez la rencontrer » mais Jim lui répondit qu’il ne pouvait se permettre ni l’essence, ni la fille !
Mais quand il a vu la couvertureplus tard, il a réalisé qu’il aurait dû !!!
Il fut payé 30$ pour la séance qui fut très simple, juste une ou deux photos prises à travers le carreau qu’il était en train de laver
Voici quelques sketches préliminaires avec différents décors et coiffures.
Jim garde précieusement les deux lettres qu’il reçu du peintre ainsi que le reproduction de la couverture du Post.
Le tableau original fait partie de la collection de Steven Spielberg…

Je me suis aidé de ces livres pour rédiger cet article : " NORMAN ROCKWELL  AND THE SATURDAY EVENING POST Vol 1,2 et 3 "par D. &  M. STOLTZ (© The Four S 1976 )
"THE NORMAN ROCKWELL ALBUMpar NORMAN ROCKWELL (© Double Day & Company 1961)

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                     #312  1960 10 29 John F. Kennedy              #313   1960 11 05 Richard M. Nixon
                                (? x ?cm)                                           (? x ?cm)                                         

Et maintenant, un peu d’histoire !En 1960, Rockwell a peint les portraits des deux candidats à la présidence des Etats-Unis , Richard M. Nixon, et John F. Kennedy. JFK s’imposa de justesse. Il est le premier Président catholique, et aussi le plus jeune président que les Etats Unis aient élu.
Ce n’était pas la première fois que Rockwell participait à sa façon à la vie politique, sans pour autant prendre parti.
Sous une autre forme, son 1^er essai datait du 1920 10 09  " The Debate " où  un couple se tourne le dos, visiblement agacé . La femme tient un journal où l'on voit le portrait d’un des candidats, Warren Harding,  et,  sur la couverture du magazine qu'agrippe son mari, s'inscrit  le nom de l'autre, James Cox.
Apparemment, chacun campe sur ses positions !
Warren Harding sera élu 29ème Président des Etats Unis
Rockwell reprend le thème des élections le 1944 11 04 " Which One ? " avec pour adversaires, Franklin D. Roosevelt d’une part,  et Thomas Dewey d’autre part. La couverture signifie au peuple américain qu’il faut faire un choix et que pour cela, il faut aller voter ! Rockwell prend le parti de la citoyenneté.
Roosevelt sera réélu, mais meurt quelques semaines avant la fin de la 2ème Guerre Mondiale. En vertu de la Constitution Américaine, c'est le  Vice-Président  Harry S. Truman qui lui succède pour trois ans, jusqu'aux prochaines élections.
En 1948 on retrouve Harry S. Truman, 33 ème Président des Etats Unis, face au même Thomas Dewey… mais deuxième défaite de Thomas Dewey. Le mari en couverture du 1948 10 30 " Election Day "  n’a pas réussi à imposer son choix à sa femme ! C'est un peu une ré-écriture de la couverture de 1920.
Bizarrement en 1952, Rockwell ne fait que le portrait de Dwight D. Eisenhower et pas de son adversaire, Adlaï Stevenson. Ce dernier perdra face à « Ike »l’élection de 1952.
On retrouve les deux mêmes combattants en 1956, et Stevenson est battu pour la seconde fois, mais il a eu droit à son portrait ! Le 34ème Président des Etats Unis est, pour encore un mandat, Dwight D.Eisenhower.
Après l’assassinat de Kennedy le 22 novembre 1963, le vice-président Lyndon Johnson devient président. Il se présente aux élections de 1964 face à Barry Goldwater . Johnson gagne, et reste pour 4 ans encore le 36 ème président des Etats-Unis.
Pour l’élection de 1968, Richard M.Nixon se présente face à Hubert Humphrey, et gagne enfin ! Lui qui avait été vice-président d’Eisenhower, et candidat battu de peu en 1960 peut enfin savourer sa revanche !
Pour l’élection de 1972  Richard M. Nixon,  37ème Président des Etats Unis affronte George McGovern et est réélu … jusqu ‘au Watergate et le fiasco qui s’en suivit pour lui et son gouvernement.
A travers ces portraits, parus dans divers magazines, Rockwell nous montre qu’il n’était pas indifférent à la vie politique américaine. Il a d’ailleurs peint d’autres hommes politiques Américains, au fil des années.

Rockwell a dit d’Eisenhower qu’il avait le visage le plus expressif qu’il lui ait été donné de peindre, qu’Adlaï Stevenson était très aimable, que pour leur première rencontre Kennedy l’avait reçu en pyjama mais qu’il était un homme merveilleux, et que Nixon avait un nez qui était l’enfer à peindre, mais qu’il avait le sourire chaleureux d’un heureux père de deux adorables filles !

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